Bonsoir à tous et toutes,
Les vacances scolaires touchent à leur fin. Elles ont été en demi-teintes pour notre Petite Fée.
D’abord à cause de cette pandémie qui nous empêche de circuler comme nous le souhaiterions (notre Petite Fée étant « à risque » nous ne pouvons pas nous permettre de trop fréquenter l’espace public où beaucoup ne portent pas leur masque correctement et ne respectent pas les gestes barrières)
Mais aussi et surtout à cause du « poids des mots » ! J’aimerais revenir avec vous sur le sujet parce que, cette fois-ci est celle de trop. Beaucoup d’adultes oublient qu’ils ont été des enfants. Ils oublient combien leur pesaient alors les mots des adultes. Ceux prononcés « pour rire » mais qui pour eux n’avaient rien de drôle. Ceux qui ne leurs étaient pas destinés mais prononcés devant eux parce qu’ils « n’écoutaient pas » ou parce que de toute façon ils ne « les comprendraient pas » mais qui pourtant leur faisaient tant de mal.
C’est de cela dont il est question aujourd’hui. De ces phrases qui ont un effet dévastateur sur les enfants, surtout ceux « en situation de handicap » qui plus que les autres souffrent du « ils ne comprennent pas alors je peux me permettre » et de ces « blagues » qui les blessent profondément.
Afin d’illustrer mon propos, je voudrais partager avec vous deux de ces situations qui ont gâché les vacances de notre Petite Fée alors qu’elle en avait tant besoin.
Notre Petite Fée est très mince, trop mince. Elle ne fait que la moitié du poids moyen des petites filles de son âge (pour une taille très proche de la moyenne). Pourtant elle entend régulièrement cette fameuse blague « Oulala !! Attention si tu manges trop tu vas grossir !!! » Et avec toujours le même résultat : elle refuse pendant des jours de s’alimenter !!! Allant jusqu’aux crises de larmes, jusqu’aux réflexe nauséeux … Parce que quand elle entend cette « blague » elle ne pense pas comme d’autres « je ne vais plus rentrer dans mes vêtements » ou « on va se moquer de moi / arrêter de me trouver jolie », non ! Elle ce qu’elle pense c’est « je vais devenir trop lourde et maman ne pourra plus s’occuper de moi ». Vous imaginez ? Elle qui est dépendante de moi pour chaque acte du quotidien, ce qu’elle ressent quand elle pense que je n’arriverai plus à m’occuper d’elle ?! Cette angoisse pour elle ?! Ce crève cœur pour nous de la voir ce mettre dans des états pareils ?! Et ne rien pouvoir dire pour la rassurer, pour qu’elle accepte à nouveau de s’alimenter… Alors heureusement nous parvenons à lui faire manger de petites (pour pas dire minuscules) quantités et surtout à compléter ses apports par des boissons enrichies en calories. Mais tout de même, toute cette angoisse pour elle comme pour nous…
Autre situation. Ces personnes qui, avec toute leur compassion nous disent (à nous, parents d’enfants en situation de handicap) « quand même, ça doit être dûr pour vous !! » ou « je ne sais pas comment vous faites, moi je ne pourrais pas !! » ou autres réflexions de ce genre. Alors non, ce n’est pas dit avec de mauvaises intentions, oui ce n’est qu’un peu de maladresse avec beaucoup de compassion, mais surtout c’est un poids de plus pour nos enfants. Parce que ce qu’ils entendent ce n’est pas seulement « le handicap est difficile à vivre » (ça ils n’ont besoin de personne pour s’en rendre compte) mais aussi « quel poids pour des parents que d’avoir un enfant handicapé ! » et c’est ça qui les mine ! Et c’est cela qui est totalement inacceptable. Ils n’ont pas besoin, en plus de se sentir « prisonniers de leur corps », de se voir comme « un poids » pour leurs parents. La dernière fois que notre Fée a entendu cela, elle a pleuré des jours (pas sur le moment bien sûr, rarement en société d’ailleurs). Et quand nous avons compris d’où cela venait et que nous l’avons questionnée (par des questions fermées – réponse par oui ou par non) elle nous a indiqué qu’elle avait peur que nous ne cessions de l’aimer !! Qu’à force d’être « un poids » pour nous, nous ne nous lassions et ne l’abandonnions !! Alors évidemment, JAMAIS nous ne pensons qu’elle est un poids ! Son handicap est pesant parfois, mais jamais elle ! Jamais sa présence !! Mais le simple fait qu’elle puisse avoir ce genre de pensés est tellement douloureux pour nous et la ronge tellement !!!
Alors s’ils vous plait :
– avant de vous adresser à un autre adulte, pesez vos mots et s’ils sont trop lourds, attendez de ne plus être en présence d’enfants ;
– avant de vous adresser à un enfant, imaginez l’impact qu’aura sur lui ce que vous avez à lui dire.Parce qu’aujourd’hui il est impensable que des enfants souffrent encore des mots des adultes qui les entourent ou croisent leur chemin…